Covid-19 - « Un incroyable effort collectif face à la crise »

Équipe médicale, agents de restauration, personnel administratif… Ces fonctionnaires territoriaux des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sont en première ligne pour protéger les résidents en pleine crise sanitaire. Quel impact cette situation a-t-elle eu sur la gestion et le personnel des EHPAD ? Le point avec Louis-Étienne Audrerie, directeur de l’EHPAD Aliénor-d’Aquitaine qui accueille 102 résidents et emploie 80 agents à Coulonges-sur-l’Autize dans les Deux-Sèvres.

Propos recueillis par Caroline Brandt

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Quelles sont les conséquences de l’épidémie de Covid-19 sur la gestion du personnel ?

Nous avons mis en œuvre un certain nombre d’instructions afin de protéger le personnel et les résidents. Ont été écartés de la structure les agents présentant des pathologies les rendant plus vulnérables au Covid-19 ou encore les personnes revenant de congés dans les zones à risque. La Nouvelle-Aquitaine a été relativement moins touchée par l’épidémie, cependant nous avons bénéficié du renfort d’élèves infirmiers dans le cadre de leur parcours de formation et d’agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) volontaires qui ont été affectés aux temps d’animation. Quant aux mesures de protection, elles ont pu être mises en œuvre grâce à notre stock déjà constitué de matériel (masques, surblouses, gel hydroalcoolique) et nous avons été approvisionnés chaque semaine grâce aux commandes effectuées par l’agence régionale de santé (ARS). Nous avons été bien soutenus par l’ARS qui, au jour le jour, a donné des réponses concrètes à nos problématiques de terrain.

Justement, à quelles difficultés avez-vous été confronté ?

Le travail supplémentaire généré par la pandémie a constitué notre principale difficulté. À savoir la mise en place de toutes les mesures « barrières » de protection qui a nécessité un changement des pratiques et davantage de travail pour l’ensemble du personnel, à effectif constant. Le confinement a aussi impliqué une vigilance accrue face au « syndrome de glissement » de personnes âgées qui pourraient se laisser mourir. Notre organisation a été modifiée afin de renforcer les temps relationnels des résidents et nous avons maintenu le lien avec les familles via Skype grâce à nos ordinateurs et aux tablettes que nous avons reçues du Département et de la Fondation de France. Ensuite, les agents ont dû organiser différemment les visites des familles. Il a fallu gérer les appels, les prises de rendez-vous, la désinfection des locaux après les visites. Nos agents ne comptent pas leurs heures et font preuve d’un très fort investissement et d’un grand professionnalisme malgré les coups durs, la fatigue, l’anxiété due à l’épidémie et parfois une gestion familiale complexe comme l’école à la maison.

Quel sera, selon vous, l’impact de cette crise sur la gestion des EHPAD à plus long terme ?

Tout d’abord, nous allons essayer de tirer les leçons de cette crise en analysant ce qui a été efficace et ce qui a moins bien fonctionné afin de répondre plus vite et mieux à une éventuelle nouvelle crise sanitaire. Ensuite, il sera nécessaire de réaliser un temps d’échanges sous forme de « retour d’expérience » avec l’encadrement, les équipes et les représentants du personnel. Le but étant de conserver la dynamique engagée au niveau du personnel lors de l’épidémie ; par exemple l’entraide entre les différents services.

Enfin, je pense qu’il y aura un « après Covid » dans le sens où cette crise a mis en évidence l’incroyable effort collectif qui a été réalisé alors même que les EHPAD souffrent d’un certain nombre de problèmes comme la sous-médicalisation ou le manque de valorisation du personnel. Nous espérons que la future loi « Grand Âge » pourra répondre au mieux à toutes les attentes.