Une journée nationale de célébration des soignants chaque 17 mars
La Fédération hospitalière de France (FHF) vient d’annoncer la création d’une journée nationale de célébration des soignants chaque 17 mars, avec le soutien de l’Institut Covid-19 Ad Memoriam.
Un an après le début du premier confinement, la fédération et l’institut se sont rapprochés pour collecter et faire vivre la mémoire des établissements publics de santé durant la crise sanitaire toujours en cours et nourrir la réflexion sur l’avenir du système de santé français.
Dans ce but, la création d’une journée nationale de célébration des hospitaliers publics vise à commémorer leur mobilisation historique et de construire des propositions pour l’avenir du service public de santé au moyen d’un débat annuel, réunissant la communauté hospitalière comme la communauté universitaire, chaque 17 mars, à compter de 2022.
Au quotidien, le partenariat conclu entre la FHF et l’Institut Covid-19 Ad Memoriam va se traduire par quatre types d’actions :
- la contribution par la FHF aux mémoires institutionnelles et collectives avec le dépôt de la mémoire des soignants au sein de l’Institut Covid-19 Ad Memoriam ;
- la contribution aux mémoires ordinaires, avec l’organisation d’une collecte de témoignages de la mémoire des hospitaliers de la FHF menée avec le même Institut :
- l’objectivation des données médicales liées à la crise, par la FHF dans le cadre du travail mémoriel conduit par l’Institut et ses partenaires ;
- la formulation de propositions quant au modèle français de protection sociale et de service public.
Par ailleurs, pour marquer symboliquement la première année de lutte de l’hôpital public contre la Covid, la FHF a déployé sur la façade de son siège parisien un dessin géant réalisé par Plantu afin de remercier les hospitaliers publics pour leur engagement auprès des Françaises et des Français.
Ces initiatives sont basées sur un constat : un an après le premier confinement de mars 2020, la Fédération hospitalière de France a voulu scruter l’état d'esprit des hospitaliers en recueillant leurs attentes pour l’avenir, au moyen d’une étude réalisée par l’institut Harris Interactive (Covid-19, un an après : regards croisés du personnel de l’hôpital public et des Français).
Réalisée en ligne selon la méthode des quotas, du 2 au 10 mars 2021, l'enquête a été mise en œuvre auprès de deux échantillons, l'un de 511 personnes représentatif du personnel hospitalier public en France et le second échantillon de 1029 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Les réponses de ces deux populations, faites au moment où la France connaissait une nouvelle poussée de la crise sanitaire et vivait un troisième confinement, apportent des indications nettes et révélatrices.
Au niveau individuel, les personnels de l’hôpital public estiment positif leur rôle social : 91 % se sentent convaincus d’être utiles à la société et 87 % se déclarent fiers de leur métier dont 82 % affirment leur fierté de travailler à l’hôpital public.
Si 69 % des hospitaliers se déclarent aussi « fatigués », 51 % estiment que la crise sanitaire liée au Covid-19 a accentué leur fatigue et a diminué leur satisfaction à l’égard de leurs conditions de travail (45 %).
Au niveau collectif, 49 % des hospitaliers déclarent que leur confiance dans l’avenir du système de santé français a été ébranlée par la crise sanitaire : moins d’un tiers ont eu le sentiment d’avoir été soutenus par les autorités de santé (32 %) ou par l’État et les pouvoirs publics (28 %).
Pour sa part, le grand public dresse un bilan très similaire du soutien dont ont bénéficié les hospitaliers : plus marqué de la part de l’établissement et des collègues (62 %), mais aussi des Français (64 %), que de la part des autorités de santé (36 %) et des pouvoirs publics (34 %).
La synthèse de l’étude note aussi que le regard des hospitaliers sur le Ségur de la Santé s'avère mitigé. Sur la revalorisation de 183 euros nets mensuels pour les personnels de la fonction publique hospitalière (CTI), 66 % des hospitaliers considèrent qu’il s’agit d’une mesure insuffisante, quand seulement 32 % y voient une disposition équilibrée.
Pour l’avenir, la situation de l’hôpital public suscite une inquiétude partagée entre hospitaliers et Français ; les deux échantillons appellent à une action forte de la part des pouvoirs publics. Dans le grand public encore, environ une personne sur deux témoigne d’une confiance envers les pouvoirs publics sur ces différentes facettes de l’avenir.
Ainsi, l’augmentation des moyens attribués à l’hôpital public apparaît comme une priorité consensuelle : que ce soit parmi le personnel hospitalier ou parmi le grand public, plus de 9 personnes sur 10 jugent prioritaire d’augmenter les recrutements de personnel et d’augmenter les investissements à long terme.
Dans une moindre mesure, plus de 8 personnes sur 10 jugent prioritaire de réduire les écarts de rémunération entre les personnels de l’hôpital public et les établissements privés.
Le système de santé français se présente par ailleurs comme un enjeu de premier plan pour la prochaine élection présidentielle.
Il est intéressant de noter que, à quelques jours d'intervalle, une organisation syndicale de salariés s'est livrée à l’égard d'autres agents publics à une évaluation voisine dont les résultats débouchent sur des conclusions relativement proches de celles de la FHF.
La Fédération des personnels des services publics et des services de santé Force Ouvrière vient de rendre publics, début mai, les résultats d’une consultation menée auprès d’un millier de ses structures territoriales afin d’avoir une vision plus précise des conséquences de la situation sanitaire sur les agents territoriaux.
Plusieurs enseignements se dégagent des réponses obtenues de la part d'agents publics — moins directement impliqués dans les soins — d’abord sur l'impact de la crise sanitaire sur les missions des agents : dans presque 90 % des cas, les sondés indiquent que cette crise a eu un réel impact sur leurs missions ; 11 % seulement constatent n’avoir pas vu l’attribution de missions supplémentaires ni de changement.
Pour les personnels techniques, sans possibilité de télétravail, la crise s’est traduite par une charge de travail bien plus importante qu’à l’ordinaire, avec des protocoles sanitaires perçus comme manquant parfois de clarté et difficilement applicables sur le terrain. Pour près de 50 % des sondés, des aménagements d’horaires ont dû être appliqués pour faire face aux mesures mises en place par la collectivité.
Pour Force Ouvrière, le gouvernement et les associations d’élus doivent prendre en considération les revendications des agents qui assurent des missions essentielles pour la population, de la naissance à la fin de vie.
Pour leur part, la FHF et l’institut Covid-19 Ad Memoriam entendent, dans le cadre d’un partenariat de long terme, collecter et faire vivre la mémoire des 4 800 établissements publics de santé durant cette crise, d’abord pour perpétuer la mémoire de cet événement historique ; ensuite, au plan démocratique, pour que cette collecte mémorielle permette de nourrir la réflexion publique sur l’avenir du système de santé. Pour Frédéric Valletoux, président de la FHF, « Le 17 mars doit devenir une journée qui remette la question de l’avenir de notre service public de santé au cœur du débat, une piqûre de rappel annuelle à la société et aux politiques ». Laëtitia Atlani-Duault, présidente de l’Institut Covid 19 Ad Memoriam, a souhaité pour sa part apporter « un regard distancié, critique et constructif issu des mondes multiples qui constituent l’institut ».